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christophe.lenhart.over-blog.com

Gardons l'esprit ouvert !

l'UE dans la campagne

L'enjeu des prochaines élections françaises n'est rien moins qu'un choix de société
« Le nationalisme, c'est la guerre ! »
(François Mitterrand,évoquant lors de son dernier discours devant le Parlement européen en 1995, les guerres fratricides de 1870-71, 1914-1918, 1939-1945).
Soit on opte pour le repli sur soi, derrière ses frontières, en privant sa jeunesse de circuler librement à travers l'Europe, en n'ayant que la haine à offrir en partage, avec comme seule solution politique le recours à un nationalisme étriqué, qui à terme conduit toujours au plus grand des fléaux de l'humanité: la guerre.
Soit on opte pour une France ouverte sur l'Europe, qui certes a besoin de réformes profondes, mais dont le principe intangible est l'ouverture à l'autre et le partage avec lui d'actions communes. C'est aussi une France qui ne cadenasse pas sa jeunesse à l'intérieur de ses frontières . C'est aussi et seulement ensemble au sein d’une Europe forte et unie dans sa diversité que nous pourrons faire face à la concurrence impitoyable des géants américains, japonais, coréens et autres.
Sur les 11 candidats à l’élection présidentielle française, cinq seulement recueillent plus de 10 % des intentions de vote à moins d’un mois du premier tour, le 23 avril prochain, soit d'un extrême à l'autre :
Marine Le Pen, François Fillon, Emmanuel Macron, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon. Après les élections présidentielles autrichiennes et législatives aux Pays-Bas, qui ont été marquées par les défaites des candidats populistes, il nous est apparu important d’analyser les prises de position vis-à-vis de l’Europe de ces cinq candidats, car une bonne partie de l’avenir de l’Europe dépend à ce stade des élections françaises, avant les élections législatives en Allemagne à l’automne prochain.
En simplifiant, on peut dire que les deux extrêmes se rejoignent in fine pour vouloir que la France quitte l'Union Européenne (UE) et bien sûr l'Euro, et "recouvre" ainsi sa « souveraineté nationale ». Les autres candidats de gauche et de droite, très critiques de l'UE actuelle, proposent tous une « relance du projet européen », mais avec des solutions très différentes : la gauche de Benoît Hamon, rejoint par les verts de Y.Jadot, souhaitent réformer les Traités, notamment avec un nouveau « traité budgétaire » (prévoyant notamment un «traité de démocratisation de la gouvernance de la zone euro »). La droite de François Fillon
ne croit pas en cette possibilité de réformer les Traités, et propose de procéder de façon « très pragmatique». À noter que concernant les institutions européennes et notamment la gouvernance de la zone euro les deux marquent une préférence pour une solution intergouvernementale en confiant la direction économique de la zone aux chefs d'État et de gouvernement (François Fillon) ou en prévoyant une assemblée de cette zone composée pour les quatre cinquièmes de députés nationaux en proportion de la population de chaque pays
(Benoît Hamon). Enfin, Emmanuel Macron, « et de droite et de gauche », et allié désormais avec une figure historique du centre, François Bayrou, fonde son projet pour la France et l'Europe sur deux piliers : la souveraineté, mais une « souveraineté européenne », en re-légitimant l’Europe par des « conventions démocratiques », des débats citoyens dans chaque Etat membre, sur le contenu des actions, les politiques et les priorités de l’UE à valider selon les traditions démocratiques de chaque Etat (référendum ou autres).

Marine Le Pen :
En allant sur le site officiel du Front national, on tombe immédiatement sur les 144 engagements
présidentiels Marine 2017 dont le premier :
« Rendre à la France sa souveraineté nationale. Vers une Europe des Nations indépendantes au service des peuples : retrouver notre liberté et la maitrise de notre destin en restituant au peuple français sa souveraineté (monétaire, législative, territoriale, économique). Pour cela, une négociation sera engagée avec nos partenaires européens suivie d’un référendum sur notre appartenance à l’Union européenne dont les termes se trouvent également sur ce site, inchangés depuis 2013 dans l’appel intitulé : « Réclamez la fin de l'Union européenne ».
Le projet nationaliste de Marine Le Pen et du Front national est clairement de tuer l’UE car, avec les immigrants, « l’Europe » constituerait le couple diabolique qui expliquerait tous les maux dont souffrent la France et les Français. Les valeurs du Front National et de Marine Le Pen étant profondément contraires à nos valeurs humanistes et de fraternités qui sont la base de l'esprit français, il n’est pas nécessaire d’approfondir davantage son programme pour fermement le rejeter et faire barrage à la candidature de M. Le Pen.

François Fillon :
Dans son programme, le candidat de la droite se fixe six grandes priorités.
Mettre fin à la crise migratoire :
Doter l’agence européenne FRONTEX d'un budget permettant au corps européen de garde-frontières d'être opérationnel ; réformer en profondeur les accords de Schengen ; harmoniser les règles d'accueil en Europe, avec la création d'un droit d'asile européen ; en complément réorienter la politique européenne en matière de développement pour en faire un levier efficace de la gestion des flux migratoires.
Garantir la sécurité des Européens :
Augmenter les efforts militaires et financiers de chaque pays européen pour donner à l'Europe la capacité de peser militairement sur la scène internationale ; soutenir l'industrie européenne de la défense.
Renforcer la gouvernance de la zone euro :
Doter la zone euro d'un directoire politique, composé de chefs de gouvernement se réunissant tous les trois mois. En parallèle, créer un secrétariat général de la zone euro -complètement autonome de la Commission européenne- qui assurera le suivi de la gestion de la zone économique. Coordonner la politique de la Banque
Centrale européenne avec une stratégie économique globale ; réaliser une véritable convergence fiscale ; créer un fonds monétaire européen pour permettre à l'Europe d'être indépendante du FMI. Faire de l’euro une monnaie de réserve comme le dollar. Dans une interview au journal Le Monde il a précisé que « La mutualisation des dettes et la création d'un ministre des finances de la zone euro risqueraient de faire capoter l'objectif premier qui est l'harmonisation fiscale et la gestion intergouvernementale de la zone euro par les chefs d'Etat et de gouvernement. »
Protéger les intérêts économiques et commerciaux de l'Europe dans la compétition internationale en mettant en place de nouvelles règles de réciprocité pour l’accès aux marchés publics ainsi que pour le respect des normes environnementales et sociales; Refuser les accords de libre-échange avec les États-Unis (TTIP) ou la reconnaissance sans condition du statut d'économie de marché à la Chine ; renégocier la directive sur le détachement des travailleurs ; renforcer l'Europe de la recherche ; assumer l'exception culturelle et mettre en place une Europe de l'énergie.
Réformer les institutions européennes et préserver les intérêts français et ceux de l'UE dans les négociations du Brexit:
Définir les frontières de l'UE dans laquelle la Turquie n'a pas sa place ; mettre fin à l'inflation normative de la Commission européenne en s'appuyant strictement sur le principe de subsidiarité.
Enfin, reconnaître, défendre et promouvoir les valeurs et l’histoire de la civilisation européenne en Europe et dans le monde ; lancer avec l'Allemagne un musée de la culture européenne à Strasbourg.

Emmanuel Macron :
Création d'un budget de la zone euro votée par un parlement de la zone euro (composé d’euro-députés) et exécuté par un ministre de l'économie des finances de la zone euro ;
Lutter contre les arrangements fiscaux entre Etats et les entreprises multinationales ;
Réserver l'accès aux marchés publics européens aux entreprises qui localisent la moitié de leur production d'Europe dans le cadre d'un Buy European Act.
Généralisation du programme Erasmus et extension aux apprentis ;

Construction d'une Europe qui nous protège :
Proposition avec l'Allemagne d'une Europe de la défense associant les pays volontaires ; création d'un fonds européen de défense et d'un quartier général militaire européen
Construction d'une Europe qui protège nos industries stratégiques :
Contrôle des investissements étrangers en Europe afin de préserver nos secteurs stratégiques ;
Dans la discussion du Brexit défense de l'intégrité du marché unique européen toutes les entreprises qui y accèdent doivent être soumises aux mêmes disciplines
Création d'un marché unique du numérique avec un fond capital risque permettant de financer le développement des start-ups européennes ;
Création d'un marché unique de l'énergie en Europe avec un prix plancher du carbone ;
Sur la question migratoire, renforcement du corps de police européen des frontières, en lui donnant une capacité de surveillance et de protection durable des frontières extérieures. Pour cela, il faut fixer une ambition de 5 000 hommes mobilisables par la nouvelle Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes. Développement des actions et des projets dans les principaux pays de départ et de transit des migrants, de manière complémentaire et additionnelle à l’aide au développement, en appuyant également l’installation de points de contrôle dans ces pays avant l’arrivée dans l’UE et l’aide à la lutte contre les passeurs et le retour de migrants non autorisés à entrer dans l’UE. « Si le devoir de l’Europe est d’offrir l’asile à ceux qui sont persécutés et demandent sa protection, elle ne peut toutefois accueillir sur son sol tous ceux qui sont en quête d’une vie meilleur : la France doit prendre sa juste part dans l’accueil des réfugiés. »
Conventions citoyennes dans toute l'Europe dès la fin 2017 pour redonner un sens au projet européen. Ces conventions aboutiront à un projet qui sera ensuite adopté par tous les pays qui le souhaitent. Aucun État membre n'aura le pouvoir de bloquer cette nouvelle étape.
« Ce n'est pas la table qu'il faut renverser, c'est le cours de l'Europe… certains prétendent rendre la France plus libre en sortant de l'Europe. Comme si nous avions plus de chance de peser seule face à la Chine, à la Russie et aux États-Unis mais aussi aux géants du numérique plutôt que rassemblés avec 500 millions d'Européens ».

Benoît Hamon :
Le vainqueur de la primaire de gauche propose dix mesures dans le chapitre de son programme récemment publié, intitulé « pour sortir de l’austérité et préparer l’avenir, refonder l’Europe »:
Benoît Hamon propose un « Traité de démocratisation de la gouvernance de la zone euro »qui prévoit, face à l’Eurogroupe ( le conseil des ministres de la zone euro), une Assemblée parlementaire composée pour quatre cinquièmes de parlementaires nationaux et un cinquième de parlementaires européens. Elle débattra du budget de la zone euro, des politiques d’harmonisation fiscale et sociale et elle pourra décider de la mutualisation d’une partie des dettes souveraines afin d’abaisser le coût du crédit. Le rôle de la Commission européenne est réduit à celui de fournir documents et données. Pour contrer le terrorisme, il propose de
mutualiser progressivement les moyens de renseignements avec la mise en place de task forces
multilatérales pour aboutir à une "agence de renseignement européenne". Il propose également une Europe de l’énergie établissant une stratégie européenne pour l’environnement, la sobriété, l’efficacité et l’indépendance énergétique, la maîtrise du prix de l’énergie, la ré-industrialisation et la souveraineté. Il propose également une coopération européenne accrue dans le domaine de la défense avec des États-majors européens et des brigades nationales renforcés.
De nouveaux critères seraient introduits dans les accords commerciaux protégeant notre environnement et nos citoyens. Il soutient un "Buy European Act". Benoît Hamon refuse également la ratification du CETA et du TAFTA.
Il propose de mettre en place une taxe européenne sur les multinationales qui accompagne une refonte du budget de l'union et de la fiscalité pour sortir de l’injustice et de la concurrence fiscales, mais aussi retrouver des marges de manoeuvre budgétaire. Il propose aussi aux partenaires européens une taxe sur les transactions financières. Il demande une révision de la directive sur les travailleurs détachés et propose la création d'un socle européen des droits sociaux comprenant un salaire minimum garanti pour que le salaire des uns ne soit plus un avantage comparatif contre les autres.
Enfin il défend la mise en place d'un mécanisme de l'État de droit auquel devront se conformer les États membres. Il serait assorti de sanctions financières en cas de non-respect des principes de l'État de droit, de la protection des droits de l’homme et de la liberté de la presse.
En Europe, Benoît Hamon proposera d’instaurer un visa humanitaire pour l’accueil des réfugiés, et l’expérimentation de nouvelles formes de circulation permettant une fluidification des allers- retours pour les migrations de travail. Il soutiendra une révision du règlement de Dublin fondée sur les valeurs d’accueil et de solidarité entre les États de L’Union européenne.

Jean-Luc Mélenchon :
Pour le candidat de "la France insoumise" l'Europe, soit "on la change, soit on la quitte".
Dans ses « dix mesures emblématiques », Jean-Luc Mélenchon prévoit toutefois d’abord un "Plan A" pour "proposer une refondation démocratique, sociale et écologique des traités européens par la négociation". Aussitôt élu, »nous désobéirons aux Traités…en particulier aux traités budgétaires… » pour mettre fin à l’austérité, en exigeant notamment la fin de l’indépendance de la Banque Centrale Européenne, l’annulation des dettes (grecques, etc),et l’instauration d’un protectionnisme solidaire . Si malgré cette mise sous pression de ses partenaires les négociations échouent, la France recourrait à un référendum pour déclencher un "Plan B", avec une rupture unilatérale qui se traduirait par « une sortie immédiate des traités européens ». Il s’en suivrait une explosion de l’UE qui doit permettre de refonder une nouvelle Europe !
Outre la réforme sociale de l'UE, le candidat veut « refuser les traités de libre-échange » : le traité transatlantique TAFTA entre l'UE et les États-Unis, CETA avec le Canada.
Le candidat des « insoumis » présente la libre circulation et le libre-échange comme le fer de lance d'une uniformisation vers le bas des standards de protection des travailleurs et des consommateurs (suppression de la directive sur les travailleurs détachés). En 2012, il souhaitait déjà sortir du traité de Lisbonne, critiquant une "dérive autoritaire de l'Union européenne, concentrant le pouvoir entre les mains d'institutions non élues".
Sur la question migratoire, Jean-Luc Mélenchon constate que l’UE ne sait plus accueillir les migrants. Il recommande alors d'éteindre "l'une après l'autre les causes de leur départ" qui « sont très simples, c'est la guerre et la misère". Pour faire face maintenant au flot de migrants, il faut « les accueillir dignement avec une politique migratoire respectueuse des droits fondamentaux qui assure le devoir d’humanité, garantisse l’asile et protège les mineurs isolés étrangers. »
Mais la définition précise de sa politique européenne reste inachevée.
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Les derniers sondages, sur lesquels pèsent de nombreuses incertitudes (taux d’abstention, report des voix, votes « cachés i.e. non déclarés aux sondeurs, degré de certitude du vote pour tel ou tel candidat,…) donnent Marine Le Pen en tête au 1° tour mais perdante au second. Toutefois, dans certains cas de figure (fort taux d’abstention, mauvais report des votes sur son opposant au 2° tour,…) elle pourrait devenir Présidente. Il faut donc rester mobilisé et se battre pour que l’Europe, qu’il faudra réformer, survive à ces élections à hauts risques.
Ne banalisons surtout pas le danger du FN

 

Conseil d'administration AEPL

Christophe lenhart

délégué AEPL France

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